Tous les gouvernements du monde se retireront, du moins officiellement, du commerce des armes chimiques. L’armée américaine raconte Le New York Times elle devrait achever de détruire le dernier stock mondial déclaré d’armes chimiques dès demain, le 7 juillet. Les États-Unis et la plupart des autres pays ont convenu d’éliminer complètement leurs arsenaux dans les dix ans qui ont suivi l’entrée en vigueur de la Convention sur les armes chimiques en 1997, mais l’ampleur même de la collection américaine (la plupart des ogives ont plusieurs décennies) et la complexité de leur élimination en toute sécurité ont laissé le pays est en retard.
La méthode actuelle repose sur des robots qui perforent, drainent et lavent les obus d’artillerie et les roquettes chargés de produits chimiques, qui sont ensuite cuits pour les rendre inoffensifs. Le gaz drainé est dilué dans de l’eau chaude et neutralisé soit avec des bactéries (pour le gaz moutarde), soit avec de la soude caustique (pour les agents neurotoxiques). Le liquide restant est ensuite incinéré. Les équipes utilisent les rayons X pour vérifier les fuites avant le début de la destruction et surveillent à distance les robots pour minimiser tout contact avec des matières dangereuses.
L’armée voulait initialement se débarrasser de ces armes en les coulant sur des navires, comme elle l’avait fait discrètement auparavant, mais a été confrontée à une réaction du public concernant l’impact potentiel sur l’environnement. Les propositions visant à incinérer les agents chimiques dans les années 1980 ont également rencontré des objections, même si l’armée a finalement détruit une grande partie des stocks de cette façon.
Les États-Unis ont utilisé pour la dernière fois des armes chimiques lors de la Première Guerre mondiale, mais ont continué à les produire pendant des décennies à des fins de dissuasion. L’attention portée au programme a connu son premier pic en 1968, lorsque d’étranges morts de moutons ont conduit à des révélations selon lesquelles l’armée stockait des armes chimiques à travers les États-Unis et les testait même à l’air libre.
Cette mesure ne fera qu’anéantir les stocks confirmés. La Russie a été accusée de fabriquer secrètement des gaz neurotoxiques, bien qu’elle ait insisté sur le fait qu’elle avait détruit ses dernières armes chimiques en 2017. Les forces militaires syriennes progouvernementales et les extrémistes de l’Etat islamique ont utilisé ces armes pendant une grande partie des années 2010. Cela n’empêchera pas les pays hostiles et les terroristes d’utiliser ces toxines.
Il s’agit néanmoins d’une étape majeure. En plus d’éliminer toute une catégorie d’armes de destruction massive, cela représente une nouvelle étape vers une réduction de la létalité en temps de guerre. Les drones réduisent l’exposition de leurs opérateurs (mais pas des cibles), et des experts comme le chercheur en IA Geoffrey Hinton envisagent une ère où les robots se combattront. Même si l’idéal serait que l’humanité mette fin à la guerre, des efforts comme ceux-ci réduiraient au moins le nombre de victimes.